par Caroline Turcotte, t.p., conseillère, Agrocentre Lanaudière inc.
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20 novembre 2024
Est-ce que commander vos semences pour l'année prochaine est un processus simple pour vous? Dans les prochaines lignes, nous verrons qu'il y a plusieurs facteurs qui devraient être pris en considération pour que vos choix soient bien adaptés à votre ferme. Il est faux de penser que n’importe quelle semence peut aller dans n’importe quel champ et sur n’importe quelle ferme. Optimiser les rendements dans chaque parcelle est beaucoup plus complexe. Pour ma part, c’est la partie la plus excitante de mon travail de conseillère auprès du producteur : aider à positionner les bonnes semences, à la bonne place ! Chez Agrocentre, le fait de distribuer les produits de plusieurs semenciers nous permet d’avoir un large éventail d'options, pour tous les goûts et toutes les régies. Voici les points importants à considérer dans le choix des variétés et hybrides pour l’an prochain : Les maturités Surtout pour le maïs grain, il est important de tenir compte de la région pour choisir la bonne maturité. À mon avis, une stratégie à faible risque serait de choisir des hybrides de maturités différentes selon les proportions suivantes : 60% de la quantité de semences achetées selon la maturité réelle de notre région (pour une année normale), 20% d'hybrides un peu plus hâtifs qui pourront être récoltés tôt et 20% d'un peu plus tardifs, question de pouvoir en profiter si l'automne s'étire. On s’entend que bien souvent une variété avec une maturité plus élevée aura un meilleur potentiel de rendement. Par contre, il y a d’excellents hybrides hâtifs qui performent super bien. Évidemment, la météo influence beaucoup le rendement final des hybrides choisis : le moment propice entre la floraison et des précipitations suffisantes par exemple, aura un grand impact. C'est entre autres pour limiter ce « risque climatique » qu'il est bon de varier les maturités semées. D’autres facteurs peuvent influencer les proportions suggérées, comme la date de récolte souhaitée - pour faire des travaux aux champs par exemple - ou la qualité du drainage des terres, qui dans certains cas retarde les semis. Le semis d'une céréale d'automne après la récolte du soya est une autre raison qui pourrait motiver le choix d'une variété plus hâtive. Certaines années, les soyas hâtifs ont même de meilleurs rendements que les tardifs ! Le type de sol Les cultivars ont un comportement différent selon les types de sol. Certains sont mieux adaptés aux textures grossières et d’autres aux textures fines. Par exemple, les génétiques qui ont une bonne résistance au stress hydrique s'en sortiront mieux que d'autres dans les sols légers, plus sensibles au manque d'eau. La physiologie de la plante aussi a son influence : un soya très long sera à éviter dans une terre meuble et bien fertile, le risque étant trop grand pour la verse et les maladies. Les rotations de cultures En général, les cultures donnent de meilleurs rendements lorsqu'une rotation comptant plusieurs espèces est en place. Par contre, dans un système de monoculture, le choix d'hybrides adaptés fait une grande différence. Sur un retour de maïs, surtout lorsque les résidus sont abondants, il est tout indiqué de choisir un hybride qui a une bonne émergence et de la vigueur en début de saison. La résistance de la variété ou de l'hybride aux maladies et aux insectes est également un aspect à considérer lorsqu'on retourne plus d'une année de suite dans la même culture. La population visée Il serait avantageux pour plusieurs hybrides et variétés de viser des populations élevées. Dans le maïs, la flexibilité de l'épi est une caractéristique de l'hybride : plus un épi est de type fixe, plus il y aura un avantage à augmenter le taux de semis. Mais attention, semer du maïs à 38 000 plants par acre requiert une attention particulière au niveau de la fertilisation. Plus il y a de monde, plus il y aura besoin de gaz ! En fait, la réponse de l'hybride à la population est étroitement liée à sa réponse au stress. La compétition pour les ressources (eau, lumière, nutriments) est évidemment plus forte lorsque la population est élevée, et il est logique que les cultivars qui, par exemple, développent une masse racinaire plus importante ou plus profonde, soient mieux adaptés aux populations élevées. La gestion de l'azote En terminant, il me reste à parler de la gestion de la fertilisation azotée. Chacun a un peu sa recette pour fertiliser ses champs : certains mettent la totalité de l’azote à la volée avant de semer, d’autres utilisent des fertilisants azotés à libération lente, ou font 1 ou 2 fractionnements en post levée... Il y en a aussi qui fertilisent avec des fumiers ou des engrais verts, etc. Il faut être conscient que le même hybride ne répondra pas nécessairement de la même façon à toutes ces méthodes de fertilisation. Pour ma part, un maïs de type « cheval de course », plutôt offensif, a avantage à être bien fertilisé au bon moment, en plusieurs fractionnements. Il faut le " biberonner ", comme on dit, lui en donner fréquemment, à petites doses, pour qu’il n’en manque jamais ! Un hybride plus défensif, quant à lui, sera moins stressé et impacté par des conditions difficiles. Lorsqu'il y a un élément qui n’est pas optimal, comme l'azote qui est disponible en moins grande quantité une année très pluvieuse avec beaucoup de lessivage, le rendement en sera moins affecté avec ce type de semences. Souvent ces hybrides ont un système racinaire plus développé qui leur permet d’aller capter l'azote dans un plus grand volume de sol. Le facteur de la fertilisation est également à considérer dans le cas du soya. Certaines variétés préfèrent en effet des terres plus fertiles et répondent bien à fertilisation, alors que d’autres sont mieux adaptées à des terrains plus pauvres. Votre conseiller(ère) Agrocentre peut vous aider à y voir plus clair dans vos choix de semences ! N’hésitez pas à l'appeler pour en discuter !