Fongicide: bien gérer la rotation des groupes et miser sur les produits bio

Claude Gautier, t.p. conseillère Agrocentre Lanaudière inc. • 17 mars 2025

Il existe une multitude de fongicides commerciaux sur le marché. Ceux-ci diffèrent par leur matière active, et sont classés en différents groupes, selon leur mode d’action sur le pathogène. Les ingrédients actifs qui les composent rendent chaque fongicide unique quant à sa persistance et son efficacité contre différentes maladies. Dans cet article, nous allons discuter des bonnes pratiques à adopter pour ralentir le développement de résistance des pathogènes aux fongicides, vous présenter des exemples concrets et proposer des produits alternatifs aux pesticides de synthèse.


Au fil des années, nous avons observé une régression concernant l’efficacité de certains fongicides. La résistance aux fongicides est la réduction, acquise et héréditaire, de la sensibilité d’un pathogène à certains fongicides. Il existe des résistances disruptives, qui se produisent très rapidement et sont faciles à observer parce qu’elles causent une perte brutale de sensibilité au fongicide, même si on augmente la dose. Il y a aussi les résistances durables, qui impliquent une décroissance lente de l’efficacité du fongicide, qui peut offrir un contrôle acceptable du pathogène sur plusieurs années avant de devenir inefficace.


La brûlure stemphylienne de l’oignon est un très bon exemple d’une maladie émergente où la résistance s’est développée rapidement. La maladie a été découverte il y a un peu plus de 15 ans en Ontario, et est déjà résistante aux fongicides du groupe 11, et ceux du groupe 7 perdent graduellement en efficacité*. Afin de ralentir le développement de la résistance, il est conseillé d’utiliser des produits du groupe M en prévention et d’utiliser à bon escient ceux du groupe 7, qui s’avère le plus efficace sur la maladie. D’autres cas similaires sont observés dans les fruits avec la moisissure grise et dans la pomme de terre avec la brûlure hâtive.

L’apparition de résistances est souvent liée à la surutilisation d’un produit qui était à l’origine excellent sur les champignons sensibles : il existe donc plusieurs moyens de ralentir ce phénomène. Tout d’abord, il faut savoir que les mauvaises performances d’un fongicide ne sont pas toujours attribuables à la résistance. Il s’agît le plus souvent d’un problème en lien avec le moment d’application ou l’environnement. Je m’explique : la majorité des fongicides sont préventifs, c’est-à-dire qu’ils empêchent la germination des spores, donc l’apparition de la maladie. L’effet curatif recherché par un fongicide appliqué tardivement n’est pas visible à l’œil nu ; la croissance mycélienne à l’intérieur de la plante est stoppée, mais les tissus endommagés ne peuvent pas être réparés. Les meilleurs résultats sont observés avec des traitements qui ont été faits au tout début de la maladie. Plusieurs outils nous permettent d’arriver à cibler le bon moment d’application. Le dépistage hebdomadaire complet permet de détecter le début d’un foyer d’infection, c’est le mandat du dépisteur de parcourir le champ au complet pour surveiller son apparition. Les foyers d’infection forment généralement un rond et l’utilisation d’un drone ou des images satellites peut parfois permettre de les détecter. Un autre outil serait de faire un horaire prédéterminé de traitements, basé sur l’historique des années précédentes, et d’ajuster ensuite en cours de saison selon la météo, le dépistage et les différentes sources d’informations disponibles, comme le réseau d’avertissement phytosanitaire (RAP), les modèles prévisionnels et les capteurs de spores.


Pour retarder l’apparition de résistances, alterner les groupes de fongicides est primordial ;
on ne devrait jamais utiliser des produits du même groupe pour deux applications consécutives. Utiliser un fongicide qui contient 2 matières actives aide aussi à prolonger l’efficacité des fongicides, mais il faut que les 2 molécules du mélange ciblent la même maladie, en agissant différemment contre celle-ci. L’ajout d’un engrais foliaire contenant des biostimulants, l’ajustement du ph de la bouillie, l’utilisation d’un volume d’eau adéquat et une météo favorable peuvent améliorer significativement la performance des traitements.


Voici un inventaire des produits ayant plusieurs modes d’action à intégrer dans vos régies : les fongicides du groupe M (multisites), et du groupe BM (biologiques multisites). La rotation des traitements avec des produits comme le OxiDate® 2.0, le Confine®, le Captan et autres, qui ont pour effet de sécher les spores pour limiter la propagation des maladies, peut réduire de beaucoup les sites d’infection dans un champ.
Les cuivres offrent un large spectre de contrôle des maladies fongiques et bactériennes pour lesquelles les solutions de traitement sont très restreintes. Les cuivres procurent une forte protection de contact et une action résiduelle limitée. De ce fait, la couverture de tout le feuillage est très importante, le pH de la bouillie doit aussi être vérifié. Selon Engage Agro, le Cueva® est l’un des seuls fongicides à base de cuivre à pénétrer légèrement la cuticule de la feuille, ce qui lui donne une capacité résiduelle plus longue. La compagnie UAP offre trois types de cuivres, et fournit des détails sur chacun, nous permettant de choisir le produit qui est le mieux adapté à la situation rencontrée. Le cuivre est phytotoxique si mélangé en réservoir avec un produit translaminaire ou un engrais foliaire. Il a un délai de récolte d’un jour dans la majorité des cas.
Le mélange du cuivre avec un autre fongicide du groupe M conditionne les bactéries à mieux absorber les ions de cuivre qui peuvent ainsi les dénaturer plus efficacement.
Le groupe M inclut aussi les fongicides protecteurs comme le Captan, le Bravo®, le Manzate®, etc … L’efficacité de ces produits dépend beaucoup des adjuvants inclus dans le mélange. Syngenta propose la technologie Aqua Résistant® avec le Bravo® qui permet une adhérence sur le feuillage malgré 5 pouces de pluie. Les fongicides protecteurs ne pénètrent pas dans la plante et n’ont pas d’effet curatif. Ces produits sont fréquemment réévalués par l’ARLA à cause de leur profil environnemental ; les délais avant récolte sont de plus en plus longs pour ces produits.


Les agents biologiques composant le groupe BM possèdent plusieurs mode d’action. Ils constituent une solution de rechange en culture biologique mais sont aussi très utiles pour la gestion de la résistance. En voici quelques exemples : Minuet® (Bacillus subtilis), et plusieurs autres produits à base de Bacillus, RootShield (Trichoderma harzianum), etc.

Finalement, certains produits, qui ne sont pas considérés comme des fongicides, peuvent tout de même aider, de manière préventive, en stimulant les mécanismes de défense naturels de la culture. Ils n’agissent pas directement sur les pathogènes, mais aident la plante à y faire face. LALRISE® START (Bacillus velezensis) est un bon exemple de ce type de produits ; selon Lallemand Plant Care, il forme un biofilm à la surface des racines, qui aide à l’absorption du phosphore et contribue à la santé du plant. Certains mycorhize, comme le nouveau AGTIV® IGNITE™ (Serendipita indica), peuvent atténuer les stress abiotiques, augmenter le taux de photosynthèse, améliorer l’établissement, la croissance et le rendement des plantes. Ce sont des options à considérer dans l’optique d’une lutte intégrée aux maladies fongiques.



* https://onionworld.net/2022/11/29/battle-against-blight-stemphylium-leaf-blight-in-ontario/

par Éliane Lauzon Laurin, t.p. conseillère, Agrocentre Lanaudière inc. 14 mars 2025
Les Agrocentre ont toujours eu le souhait de devenir un partenaire pour les producteurs de leur région. Pour y arriver, le réseau travaille avec de multiples compagnies qui nous transmettent leurs connaissances sur de nombreux aspects du domaine végétal. Nous cherchons à comprendre les défis et les objectifs de chacun. Que ce soit pour vous aider à interpréter les analyses de vos sols, élaborer votre plan de fertilisation, effectuer des suivis aux champs ou recommander des traitements de phyto-protection , nous sommes présents. Depuis 2007, à la suite de l’acquisition de Seminova par l’Agrocentre Fertibec, le réseau Agrocentre offre également des semences de légumes. Seminova travaille avec plus de 15 grands semenciers mondiaux. L’équipe de recherche, ainsi que les conseillers, suivent des parcelles d’essais de variétés toute la saison. Le réseau Agrocentre a bâti son expertise maraîchère grâce aux conseillers qui s’impliquent directement dans les champs, auprès des producteurs qu’ils suivent. Leur présence sur le terrain les amène à connaitre plusieurs facettes des entreprises, ce qui les guide dans leurs propositions et les aide à répondre aux besoins immédiats et futurs de leurs clients. Notre présence dans les champs nous permet également de connaître les points forts et les points faibles des hybrides afin de bien conseiller les producteurs dans leur choix de semences. Par exemple, grâce à des suivis réguliers, nous avons pu remarquer que certaines variétés de citrouilles répondent mieux à l’ajustement de la fertilisation pour l’augmentation de leur calibre. Nous pouvons également détecter rapidement la sensibilité d’une variété à certaines maladies ou l’attirance plus marquée d’un insecte, comme c’est le cas pour les thrips avec certains choux. L’utilisation des fertilisants de nouvelle génération, tels que les azotes protégés ou à dégagement contrôlé, est également optimisée par la connaissance des variétés. Des hybrides de carotte dont le feuillage est plus sensible aux carences seront fertilisés différemment que des hybrides dont le feuillage est érigé et résistant à l’automne. De la même manière, les variétés de choux d’entreposage qui densifient tardivement leur pomme doivent recevoir des attentions différentes des variétés qui forment leur pomme dure rapidement.  Nos connaissances multifacettes nous permettent de mieux vous accompagner dans l’atteinte de vos objectifs. Tout au long de la saison, il nous fera plaisir de mettre à profit notre expertise pour répondre à vos questions. N’hésitez pas à appeler votre conseiller !
par Nadia Fournier, t.p. conseillère Agrocentre Fertibec inc. 14 mars 2025
Depuis quelques années, l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA) intensifie la réévaluation de plusieurs anciens produits de phytoprotection. Ces réévaluations mènent souvent à des modifications d’étiquettes au niveau des doses, du nombre maximal d’applications ou des mises en garde de sécurité pour l’utilisateur. Ce fut le cas pour le linuron (Lorox), qui, pour protéger les préposés au mélange, au chargement et à l’application, doit maintenant être géré en circuit fermé. Ainsi, sur le nouvel étiquette du Lorox, on peut lire : « Des systèmes fermés sont requis pour le mélange et le chargement. Un système fermé permet de retirer un pesticide de son contenant original et de rincer, mélanger, diluer et transférer le produit avec des boyaux, des tuyaux et des raccords suffisamment étanches pour prévenir toute exposition au pesticide ou à la solution de rinçage. » La gestion en circuit fermé est déjà couramment mise en place avec les gros formats (totes). Par contre, c’est une pratique qui n’était pas vraiment utilisée pour les petits formats. Bonne nouvelle, certains outils sont maintenant à votre disposition pour une utilisation avec ces petits formats, tel que le easyFlow M . Cet équipement permet une manipulation sécuritaire, sans contact avec le pesticide. Il est possible d’installer le easyFlow M directement sur le pulvérisateur ou de le garder mobile en le fixant sur un support sur roues. L’outil doit être branché sur le circuit de succion. Tout ce que vous devez faire est d’enlever le bouchon, installer l’adaptateur et positionner votre contenant sur le système de transfert. L’adaptateur percera la pellicule de protection à votre place afin d’éviter tout contact entre l’utilisateur et le pesticide. L’outil vous permet de travailler avec des contenants ouverts ou fermés, et des formats allant de 5 à 15 L, pour une quantité minimum à transvider de 60 mL. Une fois votre remplissage terminé, ce même équipement vous permettra de rincer votre contenant vide en étant branché à une source d’eau. Vous trouverez sur internet les dépositaires du easyFlow M ainsi que plusieurs vidéos afin de bien visualiser son fonctionnement.  Avec ou sans obligation de système de circuit fermé sur l’étiquette, nous vous encourageons à découvrir cet outil qui permet à tous et chacun de mieux protéger sa santé !
par Benoit Lahaye, B.Sc.(Ag.Env.Sc.), support aux ventes, Agrocentre Fertibec inc. 14 mars 2025
Depuis déjà quelques années, le développement de l’intelligence artificielle (IA) représente un outil puissant qui révolutionne plusieurs industries. Dans le secteur agricole, ça se manifeste entre autres par la mise en œuvre de techniques automatisées de traitements à haute précision pour le contrôle des mauvaises herbes. Ces technologies se basent sur le principe de captation et de reconnaissance d’images à une vitesse ultra rapide afin de n’arroser que les mauvaises herbes, permettant de sauver jusqu’à 90% des produits appliqués lors des pulvérisations. La compagnie Écorobotix est parmi l’une des premières à avoir développé et commercialisé ce type de pulvérisateur intelligent de haute précision. Originaire de Suisse et fondée en 2015, l’entreprise a consacré ses premières années à développer les algorithmes à la base de ce que deviendra la machine ARA. Les toutes premières ARA sont entrées en opération en 2021 en Europe. En 2023, Écorobotix s’est lancé à la conquête des marchés étrangers de l’Amérique du Nord et du Sud. Au Canada, l’unique distributeur de l’ARA et le seul à offrir du soutien technique est la compagnie Univerco, située à Napierville. Avec un prix de vente autour de 340 000$ CAD l’unité, les producteurs peuvent s’attendre à un retour sur l’investissement estimé entre 2 et 4 ans, grâce à l’économie de produits appliqués, mais surtout pour ce que la technologie permet de sauver en coût de main d’oeuvre. Pour cette raison, plusieurs producteurs maraîchers de la Montérégie et de Lanaudière ont récemment fait l’acquisition d’un pulvérisateur ARA. L’ARA se base sur des logiciels d’IA qui permettent à la machine de différencier les feuilles de mauvaises herbes des feuilles des cultures à protéger. Des algorithmes, élaborés par Écorobotix à partir des images capturées au champ par les caméras d’ARA, sont conçus sur mesure pour chaque culture. Ces algorithmes sont en amélioration constante afin d’augmenter le niveau d’efficacité des traitements. À ce jour, pour le Québec, la technologie permet de traiter les cultures maraichères suivantes : betterave, brocoli, chou, chou-fleur, carotte, épinard, oignon, maïs sucré, laitue et haricot. Il est aussi possible d’utiliser l’ARA à des fins de stimulation ou de fertilisation des cultures dans la mesure où les produits appliqués peuvent être des biostimulants ou des fertilisants foliaires, et non pas seulement des pesticides. La machine est munie d’un système de caméras qui captent les images du sol lors de son passage ; celles-ci sont immédiatement analysées par un logiciel d’IA qui détermine quelles plantes doivent être arrosées. Chacune des 156 buses espacées de 4 cm peut être opérée indépendamment des autres. Puisque les buses sont près du sol, chaque jet pulvérise une surface de 6 cm2. Un rideau protecteur descend jusqu’au sol et protège du vent, empêchant la dérive. Il sert aussi à maintenir les caméras dans la noirceur pour qu’elles captent les images correctement, sans que l’angle du soleil puisse leur nuire ; l’ARA est capable d’opérer autant la nuit que le jour. Le seuil de détection du système d’imagerie lui permet de détecter les mauvaises herbes aussi petites que 2 mm. Avec une largeur de 6 mètres, la machine est capable de couvrir 4 ha/heure.  Malgré qu’ARA soit capable de cibler seulement les mauvaises herbes, sans toucher la culture, elle n’est pas différente d’un pulvérisateur conventionnel de pleine largeur au niveau de la réglementation de l’ARLA. Les mêmes restrictions quant aux stades de traitement s’appliquent et un herbicide ne peut être utilisé que dans les conditions et cultures prescrites sur son étiquette phytosanitaire. Pour cette raison, le système est davantage utilisé dans les cultures ayant plusieurs options d’herbicides en post-levée, comme les oignons (comparativement à la laitue pour laquelle très peu d’herbicides sont homologués en post-levée). Par contre, ARA demeure tout de même une technologie intéressante pour l’application d’engrais foliaires, de biostimulants ou de fongicides, ciblés directement sur les jeunes plants dans ces autres cultures.
par Catherine Faucher, agr. conseillère technique et marketing, Réseau Agrocentre 28 février 2025
Est-ce qu’il vous arrive d’appliquer de l’urée à la volée sans l’incorporer ? Est-ce que vous appliquez tout l’azote nécessaire à votre culture en présemis et au démarreur ? Vous êtes-vous déjà demandé quel pourcentage de l’azote appliqué était réellement disponible à vos cultures ? La réponse à cette dernière question dépend de plusieurs facteurs, mais la quantité d’azote minéral perdu, entre le moment où il est appliqué et celui où la plante l’utilise , peut, dans certains cas, atteindre 75%. Les pertes par volatilisation entre autres, peuvent représenter d’importantes quantités d’azote perdu. La volatilisation survient lorsque de l’azote sous forme urée est laissé à la surface du sol. Le phénomène est amplifié par différents facteurs, comme l’humidité du sol, une température chaude, un pH élevé, des résidus de cultures abondants, etc. Lors de l’application d’urée à la volée, une incorporation mécanique de surface (5 cm sont suffisants), permet de protéger le fertilisant, en autant que l’enfouissement survienne assez rapidement suivant l’application. Une pluie de 10-12 mm, en un seul événement, aura le même effet, mais la fiabilité de cette méthode d’incorporation est plutôt incertaine ! Lorsqu’il n’est pas possible d’enfouir l’urée, l’option de la traiter avec un inhibiteur de volatilisation est à considérer. Ce type de produits limitent l’action des enzymes uréase qui dégradent l’urée en ammoniac, forme sous laquelle l’azote se volatilise dans l’atmosphère. Ils réduisent considérablement les pertes, pour une période pouvant aller jusqu’à 2 semaines ou plus, le temps que des précipitations suffisantes entraînent l’urée sous la surface du sol. De façon générale, le fractionnement des apports est considéré comme une bonne pratique pour augmenter l’efficacité de l’utilisation de l’engrais azoté par le maïs, et dans plusieurs cas, le rendement de la culture. Le fait d’appliquer en post-levée un certain pourcentage de l’apport total permet de mieux synchroniser la disponibilité de l’azote sous forme nitrate aux besoins de la culture, qui explosent à partir du stade 7-8 feuilles. De plus, le fractionnement permet d’ajuster, au besoin, la dose initialement prévue. Si vous appliquez tout l’azote en présemis incorporé et au démarreur, vous pourriez opter pour un mélange incluant de l’urée protégée, comme le PurYield . La technologie de dégagement contrôlé fera en sorte de ralentir la transformation de l’urée en nitrate d’une portion de l’azote appliqué et permettra ainsi un meilleur équilibre entre la disponibilité du nutriment et le prélèvement par la culture. Différentes recherches démontrent aussi que les acides humiques permettent de réduire les pertes d’azote et d’améliorer son utilisation par les plantes. Il existe de bons produits que nous pouvons mélanger aux fertilisants granulaires ou liquides et qui offrent plusieurs bénéfices, outre celui-ci. L’azote coûte cher, n’hésitez pas à discuter avec votre conseiller des différentes façons de bien gérer votre investissement !
par Stéphane Lanctôt, agr. conseiller agronomique, Agrocentre St-Hyacinthe inc. 28 février 2025
L’importance d’un démarreur dans la culture du maïs, placé à 2 pouces de profondeur et à 2 pouces de distance de la semence n’est plus à démontrer. Apporter de l’azote, du phosphore et du potassium le plus près possible de la semence, tout en gardant une distance sécuritaire, permet aux racines en développement un accès rapide aux éléments fertilisants qui permettront une croissance vigoureuse des plantules tôt en saison. L’impact positif du démarreur est d’autant plus marqué lors de conditions météorologiques moins favorables suivant le semis. Voici 3 fertilisants de spécialité qui peuvent être intégrés à votre démarreur, en remplacement ou en ajout aux engrais de base normalement utilisés, et qui ont un très fort potentiel d’augmenter vos revenus. MicroEssentials® SZ® (12-40-0-10S-1%zinc) Le phosphore est l’un des éléments fertilisants pour lesquels l’application en bande est la plus efficace. D’une part, parce qu’il est moins disponible à la plante lorsque le sol est froid, ensuite parce qu’il n’est pas très mobile dans le sol ; il doit être proche des racines pour être absorbé. Les produits normalement utilisés en bande sont le MAP (11-52-00) et le DAP (18-46-00) pour leur concentration élevée en phosphore, la disponibilité et le prix. Le MicroEssentials® SZ® (MESZ), bien qu’un peu plus cher, a démontré son utilité dans l’élaboration des démarreurs à maïs. En effet, les résultats de 10 essais côte à côte mis en place sur une période de 2 ans dans la région de St-Hyacinthe ont démontré que le remplacement de 40 unités de phosphore sous forme de DAP par la même quantité de phosphore sous forme de MESZ se traduit par un gain de rendement moyen de 400 kg/ha et ce, dans plusieurs types de sol. En tenant compte du coût supérieur du MESZ qui est d’environ 14$/ac et du revenu additionnel d’environ 35.60$/ac (prix du maïs à 220 $/tm), on obtient un retour sur l’investissement (ROI) constant de l’ordre de 2.5 Aspire® : 0-0-58-0.5%bore 78% des analyses de sol du Québec démontrent un niveau très pauvre en bore. Le bore en début de saison aide au développement racinaire donc, au développement des plantules. En substituant 30 unités de potassium sous forme de muriate de potasse au démarreur par l’Aspire® (ajout de 259 gr/ha de bore), nous avons obtenu un gain de rendement de l’ordre de 120 kg/ha. En tenant compte du coût additionnel d’environ 3.25$/ac pour l’Aspire®, le gain de rendement entraîne un revenu additionnel de 10.70$/ac (en considérant du maïs à 220$/tm), soit un bénéfice de 7.45$/ac, ce qui se traduit par un ROI de 3.3. K-Mag® : 0-0-21.5-21S-10.5Mg Les sols plus légers ont souvent des niveaux de magnésium inférieurs à 250 kg/ha. L’ajout de magnésium et de soufre dans le démarreur est sans contredit une bonne pratique pour aider les plantules à bien se développer. Les résultats d’essais faits aux États-Unis ont démontré que l’ajout de 5.6 kg/ha de magnésium sous forme de K-Mag® générait un gain de rendement de l’ordre de 326 kg/ha. En tenant compte du coût additionnel de plus ou moins 14$/ac avec le K-Mag®, et du gain de rendement de 29$/ac, le bénéfice est de 15$/ac pour un ROI de 2.1. Ce sont trois exemples concrets qui démontrent que l’utilisation d’un fertilisant à valeur ajoutée dans votre formule de démarreur maïs peut vous aider à augmenter la rentabilité de votre entreprise.
par Jean-François Lemoine, agr. président et conseiller, Agrocentre Farnham inc. 27 février 2025
La conjoncture économique agricole a connu des changements brusques au cours des récentes années. L’indice des prix des produits agricoles a enregistré une diminution importante. Jumelé à la hausse des taux d’intérêts et les prix élevés des intrants, ces facteurs ont grandement affecté le revenu net des entreprises agricoles. Cette baisse du revenu incite les producteurs à revoir leurs coûts ; mais attention, une diminution des intrants, ou une économie au niveau des pratiques culturales ne sont pas nécessairement gage d’une meilleure rentabilité. Il est crucial de bien fertiliser le sol et de bien gérer les ennemis des cultures afin de tirer le maximum de rendement. Il est de plus en plus important pour les producteurs agricoles de connaître leur coût de production (CDP) afin de maximiser leurs bénéfices et de réduire leurs pertes potentielles. Ces chiffres sont indispensables pour déceler à l’avance les problèmes financiers qui pourraient survenir. Le coût de production se compose des coûts fixes et des coûts variables. Les coûts fixes sont les dépenses comme les paiements de remboursement des prêts pour l’achat de terres et d’équipements, l’amortissement, l’impôt foncier et les retraits personnels. Les coûts variables comprennent les semences, l’engrais, les pesticides, le carburant et les réparations. Le rendement peut être la variable la plus importante dans le calcul du coût de production par tonne produite pour les producteurs de cultures commerciales. Il faut le garder en tête en cours de saison, car la prise de mauvaises décisions peut grandement affecter la rentabilité de l’exploitation. Effectivement, si l’on veut sauver des coûts en diminuant les intrants, il faut être certain que ces économies n’affectent pas le rendement, car celui-ci est l’élément le plus important pour maximiser le profit par hectare !  Analysons 3 exemples de programmes de production qui pourraient être mis en place par un producteur. Les coûts sont en fonction des prix actuels.
par Guillaume Bolduc, t.p. gestionnaire de compte Réseau Agrocentre 27 février 2025
Janvier 2025 : la guerre russo-ukrainienne persiste, le conflit israélo-palestinien est plutôt au neutre, Trump est élu président et menace d’imposer des tarifs à ses partenaires commerciaux... bref, comme à chaque année, il y a de l’incertitude en ce qui concerne le marché et la réalité des acheteurs de fertilisants. Dans cet article nous vous présentons, sous forme de questions-réponses, à quoi ressemble le travail des acheteurs de fertilisants ainsi que des gens qui gravitent autour d’eux. Le contexte géopolitique Q. Quels sont les facteurs qui ont une grande influence sur votre travail ? R. Comme vous vous en doutez, il y a plusieurs facteurs qui influencent la disponibilité et le prix des matières premières. Comme acheteur, on surveille les zones de guerre et l’impact sur l’approvisionnement à partir des endroits avoisinants ces zones. On tente normalement de mesurer, avec l’aide des fournisseurs locaux, l’impact à court et moyen terme sur la fluidité de l’approvisionnement. Le conflit israélo-palestinien par exemple, ne met pas à risque les mines du pays. Le seul enjeu commercial pour le moment est celui du chargement de navires dans cette zone. Disons que les « zones chaudes » apportent des défis sur le plan de la disponibilité du transport, du partage des risques, de l’assurabilité, et au final, du coût. Nous avons des discussions hebdomadaires avec nos principaux partenaires transactionnels et ce, pour minimiser l’impact du prix à la ferme. Les dernières années ont été plus complexes mais tranquillement, ces nouvelles réalités sont devenues une sorte de « normalité ». Q. Comment gérez-vous ça au jour le jour ? R. Probablement comme le font les producteurs : en ayant des communications constantes avec nos fournisseurs. On anticipe et analyse le risque, on prévoit des alternatives, on décale des transports et des achats. Finalement, ensemble, on travaille à minimiser l’impact sur la chaîne d’approvisionnement. Le gaz naturel et le dollar Q. Il y a un facteur qui revient souvent dans les conversations cette année, soit le prix du gaz naturel. Pouvez-vous dresser un portrait de ce secteur ? R. Il faut se rappeler qu’avant la guerre, l’Europe achetait une bonne proportion de son gaz naturel de la Russie, ce qui n’est plus le cas. Le prix d’approvisionnement est plus élevé parce qu’elle doit maintenant se tourner vers d’autres marchés, et la ressource est plus rare. En ce début 2025, il faut être conscient que le gaz est presque aussi cher que l’année du déclenchement de la guerre Russie/Ukraine. Cela a un impact direct sur le coût de l’azote fabriqué là-bas dans des usines qui requièrent une grande quantité de gaz naturel. Q. Il y a certainement d’autres facteurs qui influencent le prix des fertilisants ? R. Oui, il y a les mouvements des grands marchés de consommation tels que la Chine, le Brésil, l’Inde et les États-Unis. Ils ont une grande influence sur l’offre et la demande, donc sur les prix par ricochet. Il faut aussi tenir compte de la valeur de notre monnaie, car les transactions s’effectuent en dollars US. Cela dit, le prix du gaz naturel génère plus de pression qu’à l’habitude. On doit surveiller quotidiennement ce marché pour voir les opportunités d’achat se présenter. Q. Parlons un peu du dollar, ce n’est sûrement pas facile de travailler avec un taux de change en baisse ? R. Effectivement, ce n’est pas simple ! L’an passé en janvier notre dollar valait 0.73 USD et maintenant il est à 0.69 USD. L’impact du taux de change sur les fertilisants n’aide en rien les producteurs agricoles à avoir des tonnes d’engrais à un prix moyen normal. Rarement nous avons dû faire face à un dollar si faible. Le transport et la logistique Q. Est-ce que c’est compliqué de trouver des transporteurs ? R. Étant donné que nous achetons constamment sur le marché des fertilisants, il n’est pas si difficile de trouver des navires pour nos besoins. Pour les prix de transport, nous sommes actuellement à des valeurs normales à l’international. Q. Quand avons-nous besoin de wagons pour le transport des fertilisants ? R. Plusieurs raisons peuvent expliquer que nous ayons recours au transport par rails, mais en voici quelques-unes : les achats d’engrais « spot » de petits volumes pour combler les besoins, ou certains achats de fertilisants liquides, qui proviennent des États-Unis et de l’Ontario, pour lesquels le volume et la proximité font en sorte qu’on préconise le train. En règle générale, le transport par train est légèrement plus cher à la tonne que par navire, parce qu’on ne transige pas les mêmes quantités. Le contexte de l’offre et de la demande influence aussi le prix et la disponibilité des wagons en temps opportun est un enjeu de taille ; ça n’a pas été évident dans la dernière année ! Prix des intrants / prix du grain Q. Quel sera le prix des intrants cette année ? R. De façon générale, le prix des intrants est en hausse depuis l’été, mais plus récemment (décembre-janvier) le marché s’est stabilisé. Est-ce que ça va rester comme ça jusqu’au printemps ? Difficile à dire pour l’instant. On peut affirmer que certains produits, surtout à base d’azote, sont en nette hausse par rapport à l’an dernier. Cela va certainement avoir un impact à l’achat pour les producteurs. Q. Pensez-vous que le prix des grains va influencer les achats d’intrants ? R. Il est certain que la baisse du prix des grains qu’on observe depuis un certain temps va affecter le marché des fertilisants, mais de façon mineure. En 2024 par exemple, les producteurs ont décidé de faire à peu près 5% moins de maïs et plus de soya. Cela ne s’est pas automatiquement reflété dans la quantité de fertilisants achetés car la saison s’annonçait bonne et les producteurs ont sûrement appliqué ce dont les plantes avaient besoin. En ce milieu de janvier, on remarque que le prix des grains est à la hausse et cela nous indique aussi que les hectares anticipés en maïs seront possiblement à la hausse versus l’an dernier. La carte cachée du jeu, ce sont les céréales d’automne. Il s’est semé de grandes superficies en blé d’automne, plus qu’à l’habitude, et la survie à l’hiver est toujours imprévisible avec cette culture. Nous verrons le résultat au printemps, mais si la fenêtre le permet et que certains champs sont détruits, il y a fort à parier que la première option de resemis sera le maïs-grain, surtout si le prix offert continu d’augmenter. Dans ce monde d’incertitudes, une chose est claire suite à notre entrevue, nos acheteurs de fertilisants travaillent fort et sans relâche pour nous approvisionner en produits de qualité, en quantité suffisante et à un prix le plus avantageux possible ! Bonne saison 2025 !
par Mégane Daneau 23 décembre 2024
Des produits d'origine marine au service de l'agriculture
par Caroline Turcotte, t.p., conseillère, Agrocentre Lanaudière inc. 20 novembre 2024
Est-ce que commander vos semences pour l'année prochaine est un processus simple pour vous? Dans les prochaines lignes, nous verrons qu'il y a plusieurs facteurs qui devraient être pris en considération pour que vos choix soient bien adaptés à votre ferme. Il est faux de penser que n’importe quelle semence peut aller dans n’importe quel champ et sur n’importe quelle ferme. Optimiser les rendements dans chaque parcelle est beaucoup plus complexe. Pour ma part, c’est la partie la plus excitante de mon travail de conseillère auprès du producteur : aider à positionner les bonnes semences, à la bonne place ! Chez Agrocentre, le fait de distribuer les produits de plusieurs semenciers nous permet d’avoir un large éventail d'options, pour tous les goûts et toutes les régies. Voici les points importants à considérer dans le choix des variétés et hybrides pour l’an prochain : Les maturités Surtout pour le maïs grain, il est important de tenir compte de la région pour choisir la bonne maturité. À mon avis, une stratégie à faible risque serait de choisir des hybrides de maturités différentes selon les proportions suivantes : 60% de la quantité de semences achetées selon la maturité réelle de notre région (pour une année normale), 20% d'hybrides un peu plus hâtifs qui pourront être récoltés tôt et 20% d'un peu plus tardifs, question de pouvoir en profiter si l'automne s'étire. On s’entend que bien souvent une variété avec une maturité plus élevée aura un meilleur potentiel de rendement. Par contre, il y a d’excellents hybrides hâtifs qui performent super bien. Évidemment, la météo influence beaucoup le rendement final des hybrides choisis : le moment propice entre la floraison et des précipitations suffisantes par exemple, aura un grand impact. C'est entre autres pour limiter ce « risque climatique » qu'il est bon de varier les maturités semées. D’autres facteurs peuvent influencer les proportions suggérées, comme la date de récolte souhaitée - pour faire des travaux aux champs par exemple - ou la qualité du drainage des terres, qui dans certains cas retarde les semis. Le semis d'une céréale d'automne après la récolte du soya est une autre raison qui pourrait motiver le choix d'une variété plus hâtive. Certaines années, les soyas hâtifs ont même de meilleurs rendements que les tardifs ! Le type de sol Les cultivars ont un comportement différent selon les types de sol. Certains sont mieux adaptés aux textures grossières et d’autres aux textures fines. Par exemple, les génétiques qui ont une bonne résistance au stress hydrique s'en sortiront mieux que d'autres dans les sols légers, plus sensibles au manque d'eau. La physiologie de la plante aussi a son influence : un soya très long sera à éviter dans une terre meuble et bien fertile, le risque étant trop grand pour la verse et les maladies. Les rotations de cultures En général, les cultures donnent de meilleurs rendements lorsqu'une rotation comptant plusieurs espèces est en place. Par contre, dans un système de monoculture, le choix d'hybrides adaptés fait une grande différence. Sur un retour de maïs, surtout lorsque les résidus sont abondants, il est tout indiqué de choisir un hybride qui a une bonne émergence et de la vigueur en début de saison. La résistance de la variété ou de l'hybride aux maladies et aux insectes est également un aspect à considérer lorsqu'on retourne plus d'une année de suite dans la même culture. La population visée Il serait avantageux pour plusieurs hybrides et variétés de viser des populations élevées. Dans le maïs, la flexibilité de l'épi est une caractéristique de l'hybride : plus un épi est de type fixe, plus il y aura un avantage à augmenter le taux de semis. Mais attention, semer du maïs à 38 000 plants par acre requiert une attention particulière au niveau de la fertilisation. Plus il y a de monde, plus il y aura besoin de gaz ! En fait, la réponse de l'hybride à la population est étroitement liée à sa réponse au stress. La compétition pour les ressources (eau, lumière, nutriments) est évidemment plus forte lorsque la population est élevée, et il est logique que les cultivars qui, par exemple, développent une masse racinaire plus importante ou plus profonde, soient mieux adaptés aux populations élevées. La gestion de l'azote En terminant, il me reste à parler de la gestion de la fertilisation azotée. Chacun a un peu sa recette pour fertiliser ses champs : certains mettent la totalité de l’azote à la volée avant de semer, d’autres utilisent des fertilisants azotés à libération lente, ou font 1 ou 2 fractionnements en post levée... Il y en a aussi qui fertilisent avec des fumiers ou des engrais verts, etc. Il faut être conscient que le même hybride ne répondra pas nécessairement de la même façon à toutes ces méthodes de fertilisation. Pour ma part, un maïs de type « cheval de course », plutôt offensif, a avantage à être bien fertilisé au bon moment, en plusieurs fractionnements. Il faut le " biberonner ", comme on dit, lui en donner fréquemment, à petites doses, pour qu’il n’en manque jamais ! Un hybride plus défensif, quant à lui, sera moins stressé et impacté par des conditions difficiles. Lorsqu'il y a un élément qui n’est pas optimal, comme l'azote qui est disponible en moins grande quantité une année très pluvieuse avec beaucoup de lessivage, le rendement en sera moins affecté avec ce type de semences. Souvent ces hybrides ont un système racinaire plus développé qui leur permet d’aller capter l'azote dans un plus grand volume de sol. Le facteur de la fertilisation est également à considérer dans le cas du soya. Certaines variétés préfèrent en effet des terres plus fertiles et répondent bien à fertilisation, alors que d’autres sont mieux adaptées à des terrains plus pauvres. Votre conseiller(ère) Agrocentre peut vous aider à y voir plus clair dans vos choix de semences ! N’hésitez pas à l'appeler pour en discuter !
par Jean-Philippe Raynault, Agrocentre Lanaudière inc. 13 septembre 2024
Si vous vous demandez pourquoi les céréales d’automne sont de plus en plus populaires auprès des agriculteurs, c’est qu’il y a plusieurs raisons. L’une d’entre elles est de garder les champs couverts tout au long de l’année, que ce soit par des engrais verts ou des céréales d’automne justement. En semant une céréale d’automne après la récolte du soya par exemple, le sol restera couvert jusqu’à la récolte de l’été suivant. La couverture du sol par des résidus de culture, et encore plus par des cultures vivantes, permet de réduire l’érosion, d’augmenter la teneur en matière organique et la vie dans le sol, et permet de capter un maximum de carbone. Les céréales d’automne sont également un bon moyen d’améliorer la rotation des cultures ; par exemple, soya-céréales d’automne-maïs, plutôt que soya-maïs seulement. De plus, lorsque l’agriculteur incorpore un trèfle à la volée dans ses céréales au printemps, ou sème une culture de couverture après la récolte, il diversifie encore plus les espèces végétales cultivées, et bénéficie des avantages de chacune. Dans le cas du trèfle par exemple, une fois la céréale récoltée, le trèfle, déjà bien implanté, viendra couvrir le sol et fera un excellent engrais vert pour le maïs la saison suivante. Puisque les céréales d’automne sont récoltées très tôt en saison, il est plus facile d’effectuer des travaux dans les champs dans des conditions favorables ( sol sec et portant ). Cette culture d’automne permet aussi d’alléger les tâches du printemps , qui est la période de l’année la plus intense. Plusieurs bonnes raisons poussent les agriculteurs vers les céréales d’automne, mais pour moi, il y a une raison qui surpasse les autres dans le contexte économique actuel où tout est beaucoup plus cher (machinerie, diesel, terres agricoles, etc.), et c’est le rendement ! Celui des céréales d’automne est nettement supérieur au rendement des céréales de printemps. Selon les années, la récolte atteint presque le double, comme en 2021 par exemple, où la pruduction fut vraiment bonne grâce à une excellente survie à l’hiver. L’avantage de rendement s’explique par un départ rapide au printemps compte tenu d’un système racinaire déjà bien développé. S’il y a un manque d’eau et un excès de chaleur, les plants vont mieux le supporter en raison de leurs racines bien développées et s’il y a un surplus d’eau, celles-ci permettront un meilleur égouttement. Si en plus on considère la récolte de paille, les profits augmentent encore, car il y a aussi plus de paille produite avec les céréales d’automne qu’avec les céréales de printemps. Puisqu’il y a un meilleur départ au printemps pour les céréales d’automne, il y a, par le fait même, une meilleure compétitivité face aux mauvaises herbes. Un bon contrôle des mauvaises herbes est un autre facteur entraînant un meilleur rendement. Une céréale d’automne peut être semée avec un semoir après la récolte de la culture principale mais certains l’implantent aussi à la volée dans la culture mature, vers la fin août-début septembre, selon les régions. En théorie, cette technique permet un semis plus hâtif, donc une implantation plus rapide et une couverture de sol en continu. Les grains laissés en surface ont par contre besoin d’eau pour germer et la levée et les populations peuvent être plus variables avec cette méthode d’implantation. Quoiqu’il en soit, la date de semis demeure un facteur clé de réussite ; un semis hâtif permet un meilleur établissement des plants avant que le froid arrive, une meilleure survie à l’hiver et une reprise plus vigoureuse au printemps.
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