Depuis déjà quelques années, le développement de l’intelligence artificielle (IA) représente un outil puissant qui révolutionne plusieurs industries. Dans le secteur agricole, ça se manifeste entre autres par la mise en œuvre de techniques automatisées de traitements à haute précision pour le contrôle des mauvaises herbes.
Ces technologies se basent sur le principe de captation et de reconnaissance d’images à une vitesse ultra rapide afin de n’arroser que les mauvaises herbes, permettant de sauver jusqu’à 90% des produits appliqués lors des pulvérisations.
La compagnie Écorobotix est parmi l’une des premières à avoir développé et commercialisé ce type de pulvérisateur intelligent de haute précision. Originaire de Suisse et fondée en 2015, l’entreprise a consacré ses premières années à développer les algorithmes à la base de ce que deviendra la machine ARA. Les toutes premières ARA sont entrées en opération en 2021 en Europe. En 2023, Écorobotix s’est lancé à la conquête des marchés étrangers de l’Amérique du Nord et du Sud. Au Canada, l’unique distributeur de l’ARA et le seul à offrir du soutien technique est la compagnie Univerco, située à Napierville.
Avec un prix de vente autour de 340 000$ CAD l’unité, les producteurs peuvent s’attendre à un retour sur l’investissement estimé entre 2 et 4 ans, grâce à l’économie de produits appliqués, mais surtout pour ce que la technologie permet de sauver en coût de main d’oeuvre. Pour cette raison, plusieurs producteurs maraîchers de la Montérégie et de Lanaudière ont récemment fait l’acquisition d’un pulvérisateur ARA.
L’ARA se base sur des logiciels d’IA qui permettent à la machine de différencier les feuilles de mauvaises herbes des feuilles des cultures à protéger. Des algorithmes, élaborés par Écorobotix à partir des images capturées au champ par les caméras d’ARA, sont conçus sur mesure pour chaque culture. Ces algorithmes sont en amélioration constante afin d’augmenter le niveau d’efficacité des traitements. À ce jour, pour le Québec, la technologie permet de traiter les cultures maraichères suivantes : betterave, brocoli, chou, chou-fleur, carotte, épinard, oignon, maïs sucré, laitue et haricot. Il est aussi possible d’utiliser l’ARA à des fins de stimulation ou de fertilisation des cultures dans la mesure où les produits appliqués peuvent être des biostimulants ou des fertilisants foliaires, et non pas seulement des pesticides.
La machine est munie d’un système de caméras qui captent les images du sol lors de son passage ; celles-ci sont immédiatement analysées par un logiciel d’IA qui détermine quelles plantes doivent être arrosées. Chacune des 156 buses espacées de 4 cm peut être opérée indépendamment des autres. Puisque les buses sont près du sol, chaque jet pulvérise une surface de 6 cm2. Un rideau protecteur descend jusqu’au sol et protège du vent, empêchant la dérive. Il sert aussi à maintenir les caméras dans la noirceur pour qu’elles captent les images correctement, sans que l’angle du soleil puisse leur nuire ; l’ARA est capable d’opérer autant la nuit que le jour. Le seuil de détection du système d’imagerie lui permet de détecter les mauvaises herbes aussi petites que 2 mm. Avec une largeur de 6 mètres, la machine est capable de couvrir 4 ha/heure.
Malgré qu’ARA soit capable de cibler seulement les mauvaises herbes, sans toucher la culture, elle n’est pas différente d’un pulvérisateur conventionnel de pleine largeur au niveau de la réglementation de l’ARLA. Les mêmes restrictions quant aux stades de traitement s’appliquent et un herbicide ne peut être utilisé que dans les conditions et cultures prescrites sur son étiquette phytosanitaire. Pour cette raison, le système est davantage utilisé dans les cultures ayant plusieurs options d’herbicides en post-levée, comme les oignons (comparativement à la laitue pour laquelle très peu d’herbicides sont homologués en post-levée). Par contre, ARA demeure tout de même une technologie intéressante pour l’application d’engrais foliaires, de biostimulants ou de fongicides, ciblés directement sur les jeunes plants dans ces autres cultures.
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