Stratégies phytosanitaires: on y voit dès l'automne!

Nicolas Boudreau, dta. Agrocentre St-Hyacinthe inc. • 13 septembre 2024

Brûlage d'automne? Stratégie payante dans certaines situations!

L’automne, quelle belle saison ! Je sais, on ne chôme pas avec les récoltes et tous les travaux qui s’y rattachent. Mais, pourquoi ne pas réfléchir à l’idée d’inclure un brûlage automnal dans notre stratégie phytosanitaire ? Ça peut être payant de le faire, surtout en travail minimum ou en semis direct, après avoir identifié les mauvaises herbes présentes au champ lors des récoltes.

Certaines mauvaises herbes sont beaucoup plus faciles à contrôler l’automne. On peut penser au pissenlit ou encore à la vergerette du Canada. Prenons le pissenlit : au printemps, même avec une dose supérieure de glyphosate, il est très difficile à contrôler. Tandis qu’à l’automne, une petite dose suffit (0.67 L/ac de glyphosate 540 g/L). C’est à peu près la même chose avec la vergerette du Canada.
De plus, lorsqu’on est en travail minimum (ou en semis direct), le brûlage d’automne devrait être un incontournable. Bien souvent au printemps, plusieurs producteurs en travail minimum ne font pas de brûlage avant de semer, parce qu’ils ne voient pas beaucoup de mauvaises herbes ou parce qu’ils manquent de temps, tout simplement. Lorsque la culture lève, il n’est pas rare d’être envahi par les mauvaises herbes assez rapidement après le semis. Dans ce cas, il faut alors sortir les gros canons : augmenter passablement la dose de glyphosate et mélanger plusieurs matières actives afin d’en venir à bout. En plus, ça ne garantit pas qu’on ne devra pas faire un 2e passage...
Tandis que les producteurs qui font un brûlage à l’automne, eux, même s’il n’y avait pas beaucoup de mauvaises herbes visibles du haut de la cabine de batteuse, ont des champs propres plus longtemps au printemps et peuvent donc attendre un peu plus tard afin d’appliquer leur stratégie phytosanitaire sans avoir besoin de sortir l’artillerie lourde. Par cette pratique, il est donc possible de réduire la quantité de pesticides utilisée dans une année, et d’appliquer des matières actives avec des indices de risque (IRE et IRS) plus bas.
De plus, généralement (oublions l’automne 2023 bien entendu), les conditions de terrain sont plus sèches à l’automne, ce qui minimise les risques de compaction. Il est cependant important de mentionner qu’on doit faire le brûlage avant la première grosse gelée automnale.
Voilà pourquoi on devrait s’intéresser plus sérieusement à l’option d’inclure un brûlage d’automne dans certaines stratégies de désherbage !


par Mégane Daneau 23 décembre 2024
Des produits d'origine marine au service de l'agriculture
par Caroline Turcotte, t.p., conseillère, Agrocentre Lanaudière inc. 20 novembre 2024
Est-ce que commander vos semences pour l'année prochaine est un processus simple pour vous? Dans les prochaines lignes, nous verrons qu'il y a plusieurs facteurs qui devraient être pris en considération pour que vos choix soient bien adaptés à votre ferme. Il est faux de penser que n’importe quelle semence peut aller dans n’importe quel champ et sur n’importe quelle ferme. Optimiser les rendements dans chaque parcelle est beaucoup plus complexe. Pour ma part, c’est la partie la plus excitante de mon travail de conseillère auprès du producteur : aider à positionner les bonnes semences, à la bonne place ! Chez Agrocentre, le fait de distribuer les produits de plusieurs semenciers nous permet d’avoir un large éventail d'options, pour tous les goûts et toutes les régies. Voici les points importants à considérer dans le choix des variétés et hybrides pour l’an prochain : Les maturités Surtout pour le maïs grain, il est important de tenir compte de la région pour choisir la bonne maturité. À mon avis, une stratégie à faible risque serait de choisir des hybrides de maturités différentes selon les proportions suivantes : 60% de la quantité de semences achetées selon la maturité réelle de notre région (pour une année normale), 20% d'hybrides un peu plus hâtifs qui pourront être récoltés tôt et 20% d'un peu plus tardifs, question de pouvoir en profiter si l'automne s'étire. On s’entend que bien souvent une variété avec une maturité plus élevée aura un meilleur potentiel de rendement. Par contre, il y a d’excellents hybrides hâtifs qui performent super bien. Évidemment, la météo influence beaucoup le rendement final des hybrides choisis : le moment propice entre la floraison et des précipitations suffisantes par exemple, aura un grand impact. C'est entre autres pour limiter ce « risque climatique » qu'il est bon de varier les maturités semées. D’autres facteurs peuvent influencer les proportions suggérées, comme la date de récolte souhaitée - pour faire des travaux aux champs par exemple - ou la qualité du drainage des terres, qui dans certains cas retarde les semis. Le semis d'une céréale d'automne après la récolte du soya est une autre raison qui pourrait motiver le choix d'une variété plus hâtive. Certaines années, les soyas hâtifs ont même de meilleurs rendements que les tardifs ! Le type de sol Les cultivars ont un comportement différent selon les types de sol. Certains sont mieux adaptés aux textures grossières et d’autres aux textures fines. Par exemple, les génétiques qui ont une bonne résistance au stress hydrique s'en sortiront mieux que d'autres dans les sols légers, plus sensibles au manque d'eau. La physiologie de la plante aussi a son influence : un soya très long sera à éviter dans une terre meuble et bien fertile, le risque étant trop grand pour la verse et les maladies. Les rotations de cultures En général, les cultures donnent de meilleurs rendements lorsqu'une rotation comptant plusieurs espèces est en place. Par contre, dans un système de monoculture, le choix d'hybrides adaptés fait une grande différence. Sur un retour de maïs, surtout lorsque les résidus sont abondants, il est tout indiqué de choisir un hybride qui a une bonne émergence et de la vigueur en début de saison. La résistance de la variété ou de l'hybride aux maladies et aux insectes est également un aspect à considérer lorsqu'on retourne plus d'une année de suite dans la même culture. La population visée Il serait avantageux pour plusieurs hybrides et variétés de viser des populations élevées. Dans le maïs, la flexibilité de l'épi est une caractéristique de l'hybride : plus un épi est de type fixe, plus il y aura un avantage à augmenter le taux de semis. Mais attention, semer du maïs à 38 000 plants par acre requiert une attention particulière au niveau de la fertilisation. Plus il y a de monde, plus il y aura besoin de gaz ! En fait, la réponse de l'hybride à la population est étroitement liée à sa réponse au stress. La compétition pour les ressources (eau, lumière, nutriments) est évidemment plus forte lorsque la population est élevée, et il est logique que les cultivars qui, par exemple, développent une masse racinaire plus importante ou plus profonde, soient mieux adaptés aux populations élevées. La gestion de l'azote En terminant, il me reste à parler de la gestion de la fertilisation azotée. Chacun a un peu sa recette pour fertiliser ses champs : certains mettent la totalité de l’azote à la volée avant de semer, d’autres utilisent des fertilisants azotés à libération lente, ou font 1 ou 2 fractionnements en post levée... Il y en a aussi qui fertilisent avec des fumiers ou des engrais verts, etc. Il faut être conscient que le même hybride ne répondra pas nécessairement de la même façon à toutes ces méthodes de fertilisation. Pour ma part, un maïs de type « cheval de course », plutôt offensif, a avantage à être bien fertilisé au bon moment, en plusieurs fractionnements. Il faut le " biberonner ", comme on dit, lui en donner fréquemment, à petites doses, pour qu’il n’en manque jamais ! Un hybride plus défensif, quant à lui, sera moins stressé et impacté par des conditions difficiles. Lorsqu'il y a un élément qui n’est pas optimal, comme l'azote qui est disponible en moins grande quantité une année très pluvieuse avec beaucoup de lessivage, le rendement en sera moins affecté avec ce type de semences. Souvent ces hybrides ont un système racinaire plus développé qui leur permet d’aller capter l'azote dans un plus grand volume de sol. Le facteur de la fertilisation est également à considérer dans le cas du soya. Certaines variétés préfèrent en effet des terres plus fertiles et répondent bien à fertilisation, alors que d’autres sont mieux adaptées à des terrains plus pauvres. Votre conseiller(ère) Agrocentre peut vous aider à y voir plus clair dans vos choix de semences ! N’hésitez pas à l'appeler pour en discuter !
par Jean-Philippe Raynault, Agrocentre Lanaudière inc. 13 septembre 2024
Si vous vous demandez pourquoi les céréales d’automne sont de plus en plus populaires auprès des agriculteurs, c’est qu’il y a plusieurs raisons. L’une d’entre elles est de garder les champs couverts tout au long de l’année, que ce soit par des engrais verts ou des céréales d’automne justement. En semant une céréale d’automne après la récolte du soya par exemple, le sol restera couvert jusqu’à la récolte de l’été suivant. La couverture du sol par des résidus de culture, et encore plus par des cultures vivantes, permet de réduire l’érosion, d’augmenter la teneur en matière organique et la vie dans le sol, et permet de capter un maximum de carbone. Les céréales d’automne sont également un bon moyen d’améliorer la rotation des cultures ; par exemple, soya-céréales d’automne-maïs, plutôt que soya-maïs seulement. De plus, lorsque l’agriculteur incorpore un trèfle à la volée dans ses céréales au printemps, ou sème une culture de couverture après la récolte, il diversifie encore plus les espèces végétales cultivées, et bénéficie des avantages de chacune. Dans le cas du trèfle par exemple, une fois la céréale récoltée, le trèfle, déjà bien implanté, viendra couvrir le sol et fera un excellent engrais vert pour le maïs la saison suivante. Puisque les céréales d’automne sont récoltées très tôt en saison, il est plus facile d’effectuer des travaux dans les champs dans des conditions favorables ( sol sec et portant ). Cette culture d’automne permet aussi d’alléger les tâches du printemps , qui est la période de l’année la plus intense. Plusieurs bonnes raisons poussent les agriculteurs vers les céréales d’automne, mais pour moi, il y a une raison qui surpasse les autres dans le contexte économique actuel où tout est beaucoup plus cher (machinerie, diesel, terres agricoles, etc.), et c’est le rendement ! Celui des céréales d’automne est nettement supérieur au rendement des céréales de printemps. Selon les années, la récolte atteint presque le double, comme en 2021 par exemple, où la pruduction fut vraiment bonne grâce à une excellente survie à l’hiver. L’avantage de rendement s’explique par un départ rapide au printemps compte tenu d’un système racinaire déjà bien développé. S’il y a un manque d’eau et un excès de chaleur, les plants vont mieux le supporter en raison de leurs racines bien développées et s’il y a un surplus d’eau, celles-ci permettront un meilleur égouttement. Si en plus on considère la récolte de paille, les profits augmentent encore, car il y a aussi plus de paille produite avec les céréales d’automne qu’avec les céréales de printemps. Puisqu’il y a un meilleur départ au printemps pour les céréales d’automne, il y a, par le fait même, une meilleure compétitivité face aux mauvaises herbes. Un bon contrôle des mauvaises herbes est un autre facteur entraînant un meilleur rendement. Une céréale d’automne peut être semée avec un semoir après la récolte de la culture principale mais certains l’implantent aussi à la volée dans la culture mature, vers la fin août-début septembre, selon les régions. En théorie, cette technique permet un semis plus hâtif, donc une implantation plus rapide et une couverture de sol en continu. Les grains laissés en surface ont par contre besoin d’eau pour germer et la levée et les populations peuvent être plus variables avec cette méthode d’implantation. Quoiqu’il en soit, la date de semis demeure un facteur clé de réussite ; un semis hâtif permet un meilleur établissement des plants avant que le froid arrive, une meilleure survie à l’hiver et une reprise plus vigoureuse au printemps.
par Jessica Messier, agr. Agrocentre Technova inc. 13 septembre 2024
La composition d’un sol est la base de l’agronomie. Les analyses de sol permettent d’avoir un portrait précis de sa composition en éléments fertilisants. L’échantillonnage de sol doit être fait minimalement aux 5 ans. Cela permet de déceler les carences et venir combler les besoins des cultures. Il est important de toujours prendre les échantillons de sol au même moment dans l’année afin de pouvoir comparer les résultats dans le temps. Il existe deux types d’analyses de sol ; les analyses standards, ou conventionnelles et les analyses géoréférencées (GPS) . La différence majeure entre ces deux types d’analyses réside principalement dans la manière dont les échantillons de sol sont prélevés, analysés et interprétés. La méthode conventionnelle consiste à prendre une seule analyse de sol par champ, en prélevant plusieurs échantillons de terre aléatoirement, en suivant un schéma en grille ou en zigzag. Ensuite, on mélange le tout dans une chaudière et on obtient une analyse de sol pour le champ. Alors que les analyses géoréférencées sont prélevées à des endroits précis, choisis à l’aide de technologies telles que l’imagerie satellite, ou les cartes de rendement, qui nous permettent de cibler des zones à échantillonner. On peut aussi tracer un carrelage sur le champ (grid) et prélever un échantillon par case, à égale distance l’une de l’autre. En général, on vise à avoir une analyse de sol par hectare de champ. Au niveau de l’analyse et de l’interprétation des données, les résultats d’analyses de sol standards nous indiquent une moyenne des paramètres mesurés pour le champ. Du côté des analyses de sol GPS, on obtient un résultat pour chaque point échantillonné. Ainsi, on peut créer une carte de fertilité du sol qui illustre de manière détaillée la variabilité spatiale des différents paramètres analysés. Cela permet une gestion plus ciblée et précise des intrants agricoles comme les fertilisants et la chaux. En résumé, les analyses de sol GPS offrent une approche plus précise, plus stratégique et plus durable pour la gestion agricole, en exploitant les avantages de la technologie géospatiale pour optimiser les rendements tout en minimisant les impacts environnementaux et les coûts de production.
par Catherine Faucher, agr. 13 septembre 2024
Le 1er janvier 2025 marquera l’entrée en vigueur de nouvelles exigences réglementaires concernant les semences enrobées de pesticides. Idéalement, vous êtes déjà au courant et mon texte ne vous apprendra pas grand chose ; si ce n’est pas le cas, lisez attentivement ce qui suit ! Les modifications relatives aux semences traitées découlent de la dernière révision réglementaire de la Loi sur les pesticides, elles font partie d’un ensemble de modifications qui touchent le Règlement sur les permis et les certificats pour la vente et l’utilisation des pesticides, et le Code de gestion des pesticides. Justifications et prescriptions Le concept d’une prescription requise pour l’achat de certaines matières actives et d’une justification pour encadrer leur utilisation n’est pas nouveau. C’est une exigence qui s’applique depuis quelques années à l’atrazine entre autres, et aux semences enrobées de néonicotinoïdes de certaines cultures. En 2018, le gouvernement a créé une nouvelle classe de pesticides, la classe 3A, pour inclure dans la réglementation les semences traitées avec un néonic de 8 cultures (avoine, blé, canola, maïs ensilage, maïs grain, maïs sucré, orge, soya). À partir de janvier prochain par contre, la classe 3A s’étendra à tous les insecticides utilisés sur les semences de ces cultures . Ça signifie que l’achat et la mise en terre de semences avec traitement insecticide ne pourra plus se faire sans l’obtention d’une prescription et d’une justification signées par un agronome. Les traitements de semences insecticides (TSI) sont principalement utilisés dans le maïs, relativement peu dans le soya. De manière générale, leur utilisation a d’ailleurs diminué au cours des dernières années. La volonté du gouvernement, par cette modification réglementaire, est de faire en sorte que cette diminution se poursuive ; les TSI devront être utilisés en dernier recours seulement. La classe 3B Dans la foulée de l’élargissement de la classe 3A, le ministère a également créé une nouvelle classe de pesticides, la classe 3B. Elle regroupe les semences enrobées de fongicides des 8 cultures mentionnées précédemment. Les traitements de semences fongicides sont plus répandus. Les pathogènes de sol qui peuvent causer des dommages aux jeunes plantules sont nombreux, et leur incidence étant très fortement liée aux conditions météo qui suivent les semis, elle est difficile à prévoir. On utilise fréquemment ces traitements dans le maïs, le soya et les céréales. Les traitements de semences fongicides ne requièrent pas de prescription, mais comme elles seront dorénavant considérées comme un pesticide, certaines obligations s’appliqueront. Ainsi, à partir du 1er janvier 2025, vous devrez détenir un certificat (E1, E2, CD8) ou un permis C8 pour acheter et mettre en terre des semences traitées des classes 3A et 3B . Les distances d’éloignement des zones sensibles qui s’appliquent à tous les pesticides s’appliqueront également lors du semis de ces semences. De plus, les producteurs devront inclure à leurs registres, les pesticides de classes 3A et 3B. Ils devront consigner la quantité de semences enrobées utilisées, les champs où elles ont été semées, la date de semis, le nom commercial du traitement de semences, les ingrédients actifs qui le composent, le numéro d’homologation, etc. Un modèle de registre est disponible sur le site du ministère de l’environnement. Actions à prendre Si vous ne possédez pas de certificat E1 ou E2, nous vous suggérons d’entreprendre dès maintenant les démarches pour l’obtenir. Vous pouvez vous inscrire à un cours en ligne ou en personne, ou réviser à votre rythme à l’aide de guides imprimés, avant de passer votre examen. Une fois l’examen réussi, vous pourrez faire la demande auprès du ministère de l’environnement pour obtenir votre certificat. Informez-vous également des traitements utilisés sur les semences que vous achetez. Conservez les étiquettes ; elles vous aideront à compléter votre registre. Surveillez la levée du maïs et du soya dans vos champs. Il sera important pour votre conseiller(ère) et vous de bien documenter la présence de ravageurs et l’ampleur des dommages causés pour qu’il(elle) puisse justifier et prescrire un TSI si nécessaire. Comme l’utilisation systématique d’un TSI ne sera plus possible, préparez-vous à mettre en place un plan graduel de diminution de leur utilisation. Le Réseau Agrocentre est là pour vous aider à cheminer au travers ces nouvelles exigences réglementaires, n’hésitez pas à nous contacter si vous avez des questions. D’ici là, bonnes récoltes! Pour plus d’informations concernant les cours/examens pour l’obtention d’un certificat, visitez le site sofad.qc.ca et sélectionnez «pesticides» sous l’onglet services, ou consultez le https://www.upa.qc.ca/producteur/formations/detail/pesticides-en-milieu-agricole
par Geneviève Arsenault-Labrecque, Ph. D. CEO & Responsable R&D | AYOS technologies 19 août 2022
La pourriture phytophthoréenne, causée par l’agent pathogène Phytophthora sojae , est une maladie racinaire en constante augmentation dans les cultures de soya canadiennes. Chaque année, on comptabilise des pertes de rendements de plus de 50 millions de dollars au pays associées à cette maladie uniquement. Sans l’utilisation d’aucune méthode de lutte, un producteur aux prises avec du Phytophthora aura des pertes moyennes de rendements de 11 %, ce qui représente facilement 200 $ l’hectare en moins dans ses poches à chaque saison. Heureusement, des variétés de soya possédant des gènes de résistance «Rps» (résistant à Phytophthora sojae ) sont disponibles pour les producteurs et permettent de protéger efficacement les plants, du semis à la récolte. Pour savoir quels gènes utiliser, le producteur doit toutefois connaître les différentes souches (ou variants) de la maladie présentes dans son champ. Selon une récente étude pancanadienne présentée par l’équipe du professeur Richard Bélanger à l’Université Laval, 85 % des producteurs canadiens n’utilisent pas le bon gène de résistance. C’est pourquoi cette même équipe a développé un outil de diagnostic moléculaire novateur qui permet d’identifier précisément les différents variants de la maladie présents dans un simple échantillon de sol ou de plante. En connaissant précisément les variants présents dans un champ, le producteur sait exactement quels gènes Rps il doit privilégier ou éviter. Il peut ainsi simplement demander à son semencier de lui fournir une variété qui contient le bon bagage de résistance. Afin d’assurer l’accessibilité de cet outil (aujourd’hui breveté) aux producteurs de soya, l’entreprise AYOS technologies a été fondé au sein même du laboratoire de recherche de l’Université. L’entreprise rend le service de détection des variants de Phytophthora sojae disponibles à l’ensemble des producteurs, afin de leur permettre un choix éclairé quand vient le temps de sélectionner des semences qui seront résistantes à la maladie. Par un simple choix de variétés de soya adaptées, le producteur peut diminuer drastiquement ses pertes de rendement sans même avoir à investir dans un traitement de semences souvent onéreux et qui ne protègent qu’en début de saison. Advenant le cas où aucun des gènes Rps recommandés suite au diagnostic ne serait disponible chez le semencier, le producteur peut se tourner vers une variété de soya possédant une bonne tolérance à la maladie. Une variété tolérante permettra de diminuer l’importance des symptômes de la maladie à partir du stade première vraie feuille, constituant donc une bonne alternative durable pour réduire les pertes de rendements. Pour obtenir le service de diagnostic des variants de la pourriture phytophthoréenne offert par AYOS technologies, ou pour toute autre information concernant la maladie ou les services offerts par AYOS, consultez votre conseiller Agrocentre.
par Catherine Faucher, agr. 2 juin 2022
Des bactéries au service de l'agriculture
par Catherine Faucher, agr. 4 novembre 2021
Une forte demande saisonnière, une disponibilité mondiale limitée et des retards de production, les astres ne semblent pas alignés en notre faveur cette fois... Dans ce blogue, je vous propose une traduction libre d'un article paru sur le site de Farm Progress, qui explique bien les principaux facteurs qui ont mené à l'escalade du prix des fertilisants dans les dernières semaines/mois. On y explique d'abord que les superficies cultivées en maïs, soya, blé ou coton, aux États-Unis, au Brésil et en Chine, ont augmenté dans la dernière année, et que la tendance à la hausse devrait se maintenir. La demande est donc forte, et aura eu raison des réserves de fertilisants des différents producteurs, qui peinent à suivre la cadence. Aux États-Unis, plusieurs installations impliquées plus ou moins directement dans la production ou le transport des fertilisants ont été endommagées, ou temporairement arrêtées, par l'ouragan Ida à la fin de l'été, ce qui n'a en rien aidé ce débalancement entre l'offre et la demande. Il y a ensuite la Chine, plus important producteur d'engrais phosphatés, qui a récemment décidé de stopper ses exportations de phosphore et d'urée, afin d'assurer un approvisionnement suffisant pour les agriculteurs chinois. Même si nous achetons peu de fertilisant en provenance de Chine, les pays qui s'y approvisionnent habituellement se tournent maintenant tous vers les fournisseurs restants, ceux de qui nous achetons... Mais le principal moteur de la flambée des prix des engrais est sans doute la situation actuelle de l'énergie. L'augmentation importante du coût du gaz naturel en Europe force l'arrêt des usines qui fabriquent des fertilisants azotés. Le gaz naturel, en plus d'être la principale source d'énergie de la plupart des usines de fertilisants au travers le monde, est aussi un ingrédient clé dans la fabrication de l'ammoniac anhydre, un constituant de l'urée. Ces arrêts dans la production ont bien sûr un impact important sur la disponibilité mondiale, et au-delà du prix, c'est le fait d'être capable d'acheter du produit à temps pour nos besoins qui devient inquiétant. D'ailleurs, au niveau de l'approvisionnement, la disponibilité du produit n'est pas le seul enjeu. Une fois qu'il est acheté, il faut encore pouvoir l'amener jusqu'ici. La rareté des bateaux et des wagons, ainsi que les prix et les conditions fixés par les transporteurs, représentent un véritable défi logistique pour les équipes d'approvisionnement! En résumé, c'est un ensemble de facteurs, pas nécessairement liés les uns aux autres, qui entraînent cette année les prix des fertilisants (et d'autres commodités) vers des sommets qu'on ne souhaite pas revoir trop souvent!
par Catherine Faucher, agr. 16 juin 2021
Les cultures manquent d'eau, et les périodes de sécheresse de plus en plus fréquentes ne sont pas une situation sur laquelle nous avons le contrôle. Par contre, parmi les moyens d'y faire face, on peut compter sur une fertilisation potassique suffisante! Le potassium est un élément nutritif essentiel, impliqué dans la plupart des processus physiologiques et biochimiques qui influencent la croissance de la plante et son métabolisme. Il est impliqué dans l'activation d'enzymes, dans la synthèse des protéines, la photosynthèse, la régulation osmotique, l'ouverture et la fermeture des stomates, le transfert de l'énergie dans la plante, et plus encore. Bref, c'est un élément très important à la bonne santé des cultures. L'idée que la nutrition potassique puisse agir sur la résistance des plantes au stress hydrique n'est pas nouvelle, mais puisqu'il semble que nous devrons nous résoudre à subir plus régulièrement des périodes de sécheresses estivales, il est certainement utile de le rappeler. En résumé, on peut expliquer le super pouvoir du K à l'aide des trois points suivants: Le potassium participe à la turgescence des cellules en croissance. Il permet de maintenir la pression osmotique, c'est à dire de garder l'eau DANS la plante quand elle se fait rare dans le sol. Le potassium favorise la croissance racinaire (notamment des racines latérales) et rallongerait leur durée de vie. Plus de racines permettent d'explorer un plus grand volume de terre, à la recherche d'un peu d'humidité!  Le potassium rallonge la durée de vie des feuilles en permettant l'élimination des radicaux libres dont la formation est souvent consécutives à des épisodes de stress hydriques et thermiques . Plus de feuilles = plus de photosynthèse, et une meilleure reprise de la croissance suite au stress. Outre les stress abiotiques, le potassium aide également les cultures à résister aux attaques de plusieurs maladies et insectes. Par exemple, des recherches ont démontré que les populations de pucerons du soya sont plus importantes, et augmentent plus rapidement sur les plants déficients en potassium. Une fertilisation adéquate en potassium aiderait aussi la luzerne à résister aux attaques de cicadelles et à reprendre sa croissance avec plus de vigueur après les coupes. En conclusion, analyses de sol et analyses foliaires sont vos alliées: corrigez les niveaux de potasse dans vos sols aux endroits où ils sont faibles à moyens, et ne négligez pas un apport annuel selon les besoins calculés!
par Catherine Faucher, agr. 12 mai 2021
Il y a des ravageurs particulièrement doués au jeu de l'évolution. Tellement qu'ils représentent de réels enjeux quand vient le temps d'élaborer des stratégies de lutte efficaces. Établir un plan de prévention et de gestion de la résistance à long terme ne se résume pas à limiter les pertes de rendements par les ravageurs d'une année à l'autre. Il faut améliorer nos façon de faire sur le long terme parce que chaque année, le nombre de nouveaux cas de résistance aux pesticides augmente, et la tendance ne risque pas de s’inverser dans un futur rapproché ! Comment se développe la résistance ? Le développement de la résistance est un parfait exemple de l’adaptation du vivant à son environnement. Une mauvaise herbe, un insecte ou un pathogène hérite un jour de cette habilité à survivre et se reproduire malgré l’exposition à une dose de pesticide qui aurait normalement dû lui être fatale. À force d’une utilisation répétée d’un même produit, ou de pesticides qui attaquent de la même façon, certains individus dans les populations de ravageurs sont favorisés. Par hasard, ils présentent une petite anomalie génétique, invisible à l’œil nu, qui leur permet de survivre au traitement. Ayant la possibilité de se reproduire, ils multiplient donc dans leur descendance cette particularité et finissent par représenter la majorité de la population présente dans un champ donné. C’est la loi du plus fort ! Évidemment, établir de bonnes stratégies de lutte devient plus complexe lorsque l’on doit composer avec la présence de résistance dans ses champs. La diminution des options de traitement, ou même l’absence de produits de remplacement peut occasionner certains casse-têtes...En plus, les coûts reliés aux solutions alternatives sont souvent plus élevés. Pour pouvoir continuer le plus longtemps possible à bénéficier d’un large éventail de produits performants, et ne pas mettre trop de pression sur des matières actives qui ne sont pas renouvelées fréquemment, mieux vaut prévenir l’apparition de résistances que d’être pris à les gérer ! Recourir à plusieurs modes d’action différents, s’assurer d’une bonne rotation non seulement des groupes de pesticides, mais aussi des cultures, sont de bonnes pratiques pour prévenir le développement de la résistance. Plusieurs autres méthodes, comme les cultures de couverture, le désherbage mécanique, des pratiques culturales adaptées et l'introduction de prédateurs naturels peuvent aussi être mises en place, selon le type de ravageurs auxquels on fait face. Au fond, ce qu’il faut retenir, c’est que plus on multiplie et diversifie les moyens de lutte, moins on laisse de chance aux quelques individus bioniques qui pourraient se trouver parmi les populations de mauvaises herbes, d'insectes ou de pathogènes que l'on tente de contrôler. Le cas particulier de l’amarante tuberculée : Au Québec, on compte 14 espèces de mauvaises herbes résistantes, dont la petite herbe à poux qui représente près de la moitié des cas confirmés. De la résistance multiple - une population de mauvaises herbes résistantes à plus d'un groupe d'herbicides - a également été détectée chez 4 espèces dont l'amarante tuberculée. Cette plante attire particulièrement l'attention puisqu'en plus d'avoir une excellente capacité d'adaptation et de reproduction, elle démontre une capacité de croissance impressionnante et peut engendrer des pertes importantes de rendement, principalement dans le maïs et le soya. Observée pour la première fois en 2017 en Montérégie Ouest, quelques foyers d'individus résistants apparaissent chaque année, et sa présence est possiblement sous-estimée. Si la première année, on ne la remarque pas trop, avec la possibilité de produire de 300 000 à 1,2 million de graines, facilement dispersables par les excréments d’animaux et la machinerie contaminée, c'est un problème qui prend rapidement de l'ampleur. Le meilleur moyen d'y faire face est encore de prévenir son apparition, et de rapidement l'éradiquer si de l'amarante tuberculée est identifiée dans un champ. Il faut absolument être attentif à sa présence, et l'empêcher de produire des semences. Une aide financière du MAPAQ est d'ailleurs disponible pour aider les producteurs à détecter, identifier, et contrôler (notamment par l'arrachage manuel) l'amarante tuberculée. Pour en savoir plus, visitez le site Gérez la résistance maintenant , ou son homologue américain, Take Action . 
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